« Shakespeare, antibiographie », écrire un livre sur la vie de quelqu’un qui n’a laissé derrière lui, hormis une œuvre légendaire, que très peu de traces. L’exercice était périlleux mais c’était sans compter sur le brio de Bill Bryson qui saurait rendre passionnant un annuaire téléphonique. Le livre est un concentré d’érudition et d’humour. Sur un ton toujours amusé, le natif de l’Iowa, Anglais d’adoption, ranime sous nos yeux l’Angleterre d’Elisabeth Ire puis de Jacques Ier ainsi que les mœurs de leurs sujets. Des ravages de la peste à la déroute de l’Invincible Armada en passant par les habitudes alimentaires de l’époque… On saisit mieux l’environnement dans lequel Shakespeare (1564-1616) a évolué. Très exigeant face à la vérité en ce qui concerne le dramaturge, Bryson s’attache avec beaucoup de minutie à distinguer le vérifié de l’inventé. Avec un grand sens de la dérision, il préfère rire de toutes ces thèses farfelues émises sur le compte du plus cité de tous les auteurs. Toutes sauf une, celle de son orientation sexuelle.
La conversation a poursuivi sur son cours sur :
- « 1Q84 » d’Haruki Murakami. Un livre à succès dans lequel deux personnages, l’un professeur de math et écrivain nègre à ses heures, l’autre tueuse à gage, sont amenés à se croiser. On ne sait pas exactement ni quand, ni dans quelle circonstance mais on pressent que cette rencontre sera liée à une secte dont il est beaucoup question.
- « Promenons-nous dans les bois dans les bois » de Bill Bryson (qui a manifestement bien plu). S’il est à l’aise avec les mots, le rigolo Bryson n’a rien d’un sportif né. Il raconte son projet de parcourir à pieds 3000 kilomètres de sentier dans les Appalaches, son équipement à prix d’or, sa peur par anticipation des ours, ses nuits à la belle étoile et nous fait partager ses réflexions sur la forêt, l’environnement… Un bonheur !
- « Plogoff » de Delphine Le Lay et Alexis Horellou, une BD sur la mobilisation qu’a fait naître, dans les années 70, le projet de construction d’une centrale nucléaire sur le territoire de Plogoff où se trouve la pointe du Raz (Finistère). Un beau combat qui s’est soldé par une victoire, quoique symbolique, sur l’industrie nucléaire…
- « Comment j’ai appris à lire » d’Agnès Desarthe. Un très beau livre qui parle des livres. La romancière, également traductrice, revient sur son apprentissage de la lecture et révèle que, pendant longtemps, toute normalienne qu’elle était, elle n’a pas aimé lire. En tout cas, pas ce qui était au programme…