Jusque là, Jonathan Coe nous avait habitué à des peintures de la société britannique aussi corrosives qu'admirables. Pas vraiment de critique sociale dans "La maison du sommeil" mais l'auteur s'y révèle expert dans un autre genre. En entretenant le mystère sur le devenir de ses personnages, il oblige ses lecteurs à jongler avec ce qui relie les différents événements, à faire fonctionner à plein régime leur mémoire... Parce qu'attention, un fait à première vue incident ou une information a priori anodine peuvent nous mettre sur la voie du dénouement... Et puis, certains passages sont réellement hilarants. On retrouve là une autre marque de fabrique de Jonathan Coe, l'humour. Bref, un livre très divertissant.
Nous avons également évoqué :
- "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre, qui vient de recevoir le prix Goncourt. Novembre 1918, deux poilus ont frôlé la mort ensemble. De retour du front, ils restent très liés et découvrent que la reconnaissance de la France à l'égard de ses soldats est pour le moins décevante. Ils décident de se venger... Un livre immoral qui montre que les profiteurs de la guerre se transforment rapidement en profiteur de la paix et que le conflit mondial n'a pas changé grand chose à la société.
- "Naufragé volontaire" d'Alain Bombard. 1952, un peu pour prouver que l'on peut poursuivre les recherches des naufragés plus longtemps qu'on ne le faisait, surtout pour assouvir une envie de dépassement de soi, le jeune médecin se lance dans une entreprise folle : traverser l'Atlantique seul, sans eau, sans nourriture, sur un canot de sauvetage juste surmonté d'une petite voile. Le récit de cette épopée qui laisse admiratif.